Quatrième de couverture
:
« Dans Thérèse Raquin, j’ai voulu étudier des tempéraments et non des
caractères. J’ai choisis des personnages souverainement dominés pas
leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre, entraînés à
chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair : Thérèse et
Laurent sont des brutes humaines, rien de plus. […] En un mot, je n’ai
eu qu’un désir : étant donné un homme puissant et une femme inassouvie,
chercher en eux la bête, ne voir même que la bête, les jeter dans un
drame violent, et noter scrupuleusement les sensations et les actes de
ces êtres. J’ai simplement fais sur deux corps vivants le travail
analytique que les chirurgiens font sur les cadavres. »
ZOLA
Ce
qui nous éblouit aujourd’hui dans Thérèse Raquin, c’est le Zola poète
et visionnaire, metteur en scène de la réalité et peintre des âmes de
la nuit.
[…] Quelle force dans la description de ces êtres emmurés sur
eux-mêmes, vaincus pas des puissances obscures qu’ils ne sauraient
nommer, rançonnés déjà par la mort qui les guette ! Et quelle géniale
invention dramatique tout au long de cette descente aux enfers,
haletante, convulsive, sauvage !
Robert ABIRACHED
Nombre de pages : 210 pages EMILE ZOLA
RESUME
L'histoire d'une passion adultère et d'un crime... presque parfait.
Nous sommes à Paris, vers 1850. Mme Raquin élève toute seule
son fils Camille et sa nièce Thérèse, abandonnée par son
père. Étant fragile de santé, Camille est couvé
constamment par sa mère qui est beaucoup trop protectrice. De ce fait,
Thérèse doit subir une atmosphère maladive et
étouffante mêlée de solitude et de repliement. Elle rêve de
courir libre au bord de la Seine. Les années passent, les deux enfants
grandissent ensemble sans jamais vraiment s'apprécier. Naturellement, Mme
Raquin trouve normal de faire épouser Thérèse avec son cher
fils et de s'assurer ainsi une fin de vie paisible.
Ainsi, les deux se marient. En apparence tout semble aller pour le mieux, mais
Thérèse, sa vie, elle ne la vit pas, elle la subit. Jusqu'au jour
où son mari amène à la maison un collègue de travail,
Laurent. Poussée par une force obscure, notre triste héroïne
s'engage dans une liaison adultère avec ce dernier, et c'est l'éveil
pour Thérèse. Elle goûte goulûment à la vie comme
jamais auparavant. Cependant, les amants réalisent vite que le mari est un
obstacle dans leur passion, alors Laurent décide de le supprimer...
MON AVIS
Un livre torturant mais intéressant. L'imagination de
Zola est plus que débordante et fascinante. Ce roman se lit à la façon
d'une tragédie où le dénouement est inéluctable , fatal et surprenant! Impossible de lâcher ce livre sans l'avoir fini.
EXTRAITS
Alors Laurent se leva et prit Camille à bras-le-corps. Le commis éclata de rire.
— Ah ! non, tu me chatouilles, dit-il, pas de ces plaisanteries-là... Voyons, finis : tu vas me faire tomber.
Laurent serra plus fort, donna une secousse. Camille se tourna et vit
la figure effrayante de son ami, toute convulsionnée. Il ne comprit pas
; une épouvante vague le saisit. Il voulut crier, et sentit une main
rude qui le serrait à la gorge. Avec l'instinct d'une bête qui se
défend, il se dressa sur les genoux, se cramponnant au bord de la
barque. Il lutta ainsi pendant quelques secondes.
— Thérèse ! Thérèse ! appela-t-il d'une voix étouffée et sifflante.
La jeune femme regardait, se tenant des deux mains à un banc du canot
qui craquait et dansait sur la rivière. Elle ne pouvait fermer les yeux
: une effrayante contraction les tenait grands ouverts, fixés sur le
spectacle horrible de la lutte. Elle était rigide, muette.
— Thérèse ! Thérèse ! appela de nouveau le malheureux qui râlait.
A ce dernier appel, Thérèse éclata en sanglots. Ses nerfs se
détendaient. La crise qu'elle redoutait la jeta toute frémissante au
fond de la barque. Elle y resta pliée, pâmée, morte.
Laurent secouait toujours Camille, en le serrant d'une main à la gorge.
Il finit par l'arracher de la barque à l'aide de son autre main. Il le
tenait en l'air, ainsi qu'un enfant, au bout de ses bras vigoureux.
Comme il penchait la tête, découvrant le cou, sa victime, folle de rage
et d'épouvante, se tordit, avança les dents et les enfonça dans ce cou